La mort n’est pas que symbole de chagrin et de tristesse. Au Mexique, la mémoire des êtres disparus est joyeusement célébrée
les 1er et 2 novembre annuellement, à l’occasion de cérémonies festives.
Les Mexicains célèbrent annuellement la “Dia de Las Muertos”, la journée des morts, les 1er et 2 novembre. A la différence
d’autres pays, civilisations ou religions, raviver le souvenir des disparus est ici l’occasion de se réunir pour des défilés
à l’ambiance musicale et colorée. Cette tradition, qui remonte à l’époque des Aztèques, est inscrite au patrimoine culturel
immatériel de l’humanité.
Le traditionnel rituel de la fête des morts au Mexique :
Le culte de la mémoire des enfants disparus est d’abord célébré le 1er novembre à l’occasion de Miccaihuitontli, le jour
de la Toussaint. Le lendemain est le jour des morts, celui où l’on rend hommage aux adultes décédés lors des cérémonies de
Hueymiccalhuitl. Cette tradition remonte à plus de trente siècles : chaque année, les morts reviennent parmi les vivants.
La visite sacrée à laquelle personne ne déroge, est minutieusement préparée par chaque famille à l’intérieur de son foyer,
mais également en communauté dans les rues des villes et des villages.
Les autels dressés à l’intérieur des foyers mexicains :
Dans chaque intérieur mexicain, un autel est dressé à l’occasion de la venue du défunt. La famille y dépose une
photographie de l’être cher, les objets auxquels ce dernier était attaché et ses aliments favoris : friandises pour
certains, tequila et même cigarettes pour d’autres. La présence des morts est symbolisée par les calaveras : des crânes
déclinés sous les formes les plus improbables, fleuris ou colorés, comestibles ou en plastique, afin de casser l’image
funeste de la mort. Des formes de têtes de mort et de squelettes, découpées dans du papel picado, complètent la décoration.
Des bougies de couleur blanche pour les enfants, orange pour les adultes, sont disposées au milieu de tapis de cempasuchil,
fleur endémique mexicaine symbolisant l’éclat du soleil. Les mauvais esprits enfin, sont éloignés par de fortes senteurs
d’encens qui se consume en permanence.
Les rues et les cimetières mexicains deviennent festifs :
La célébration de l’âme des défunts n’est pas qu’intime, mais elle consiste en un moment de partage au Mexique. Ni tristes ni
nostalgiques, les cérémonies se déroulent dans une atmosphère festive et joyeuse. Les animations, les défilés et les spectacles
se succèdent dans les rues, au rythme de musiques enjouées. C’est le carnaval des calaveras ! Les crânes et les squelettes sont
représentés sur les costumes folkloriques et les participants sont entièrement fardés, visage et corps. Les jeunes enfants déguisés
en zombies ou en momies se promènent en criant “calaveras, calaveras”, pour recevoir pièces ou bonbons en guise d’offrandes. Les
disparus sont accompagnés partout durant 48 heures, avant que chacun soit raccompagné vers sa tombe, non sans qu’un dernier banquet
ait été organisé dans l’enceinte du cimetière à la fin de la fête.
Où peut-on assister à la fête des morts ? :
Les communautés mexicaines ne manquant nulle part l’occasion de célébrer leurs défunts, le pays tout entier vibre au rythme de ces
cérémonies au début du mois de novembre. Les festivités prennent néanmoins des dimensions différentes par endroits :
- A Mexico City par exemple, un cimetière éphémère est créé de toutes pièces par des artistes qui laissent vagabonder leur imagination
en donnant libre cours à leur créativité.
- Les femmes de la ville de Cucuchucho dans l'État de Michoacan, magnifiquement apprêtées, mettent en place les autels et veillent toute
la nuit pour entretenir la flamme des cierges.
- Non loin de là, à Patzcuaro et sur l’île de Janitzio, le rituel est empreint d’une grande et impressionnante solennité.
- Le festival de la vie de Chignahuapan dans l'État de Puebla, célèbre la mort au cours de spectacles envoûtants ponctués par des feux
d’artifice.
- Enfin, le festival Mictlan de Xalapa dans l'État de Veracruz, joue les prolongations, en se déroulant sur 5 jours, au cours desquels
tous les arts sont utilisés sur un théâtre au décor de tombes, de mausolées et de chapelles.
Les Dias de Las Muertos ne sont pas réservées aux habitants, puisque les Mexicains sont attachés au côté festif des cérémonies, dans une
volonté manifeste de partage avec autrui, visiteurs de passage y compris.